Avez-vous conscience que notre langage reflète notre vision des choses ?
Sommes-nous optimistes, enthousiastes, ambitieux… Les mots que nous utilisons sont le révélateur de notre état d’esprit.
En France, un grand nombre d’expressions nous suivent… J’ai eu l’occasion de lire un livre très amusant sur le sujet et tellement vrai : Ne me dites plus jamais bon courage ! de Philippe Bloch.
Philippe Bloch est un entrepreneur, conférencier, animateur radio sur BFM Business, chroniqueur aux échos. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages. Pour en savoir plus Philippe Bloch
Quand Philippe Bloch annonce “ les Français sont tristes et cela s’entend” et que je réfléchis à quelques expressions que nous utilisons au quotidien, je ne peux qu’acquiescer !
Allez, observons ensemble les plus marquantes et voyons si c’est réversible !
1-Bon courage !
Quand avez-vous lancé ce “bon courage” la dernière fois ? Il y a 1 heure, 1 journée, 1 semaine ? En déposant vos enfants à l’école, en quittant votre conjoint ce matin ? En croisant un collègue qui part en RDV ?
Cette expression est vraiment révélatrice de nos mentalités, non ?
Comme si nos journées de travail étaient des corvées à accomplir ou une succession d’épreuves….
J’ai banni cette expression de mon vocabulaire depuis 4 ans (depuis que j’ai assisté à une conférence de Philippe Bloch !). Je la remplace, notamment quand je dépose ma fille le matin, par “ passe une belle journée” ou ‘profite bien” ou lorsqu’elle passe une journée d’examens par “donne le meilleur de toi-même”. Je trouve aussi que les américains ont une jolie expression quand ils disent “enjoy”
2-Comme un lundi !
Si une expression m’agace particulièrement, c’est celle-ci ! En écrivant ces lignes, je me souviens d’un collègue, très sympa au demeurant, mais qui chaque lundi rentrait dans mon bureau avec cette expression et l’attitude qui va avec (démarche lente, peu d’enthousiasme dans la voix). On sentait vraiment qu’il repoussait le moment de démarrer sa semaine. Je trouvais cela insupportable et j’ai eu l’idée de remplacer mon comment “vas tu ? “ (histoire de ne pas entendre une énième fois “comme un …..) par “as-tu passé un bon weekend” mais j’ai eu alors le droit à “vivement le prochain”… Bon, là j’abdique !
On perçoit bien le poids de la semaine qui s’annonce dans ces mots, la longueur des interminables journées de travail à venir. On ne vit pas que 2 jours par semaine ou 5 semaines par an quand même ! (weekend et vacances quoi ?). Si c’est ce que vous pensez, il faut peut être changer d’orientation professionnelle ou trouver une solution, Non ?
A ce titre, j’adore les propos d’Olivier Roland (entrepreneur et bloggeur) à ce sujet :
Je n’ai jamais compris les gens qui quand on leur demande comment ça va, répondent “comme un lundi”. Cette réponse m’a toujours paru comme un renoncement, une résignation implicite. Comme si ces personnes savaient qu’elles étaient arrivées à un point de leur vie profondément insatisfaisant, mais confortable et rassurant. Qu’elles avaient accepté leur préférence pour ce confort et cette “sécurité”… plutôt que d’écouter la petite voix au fond d’elles qui leur dit que c’est autrement qu’elles vont s’épanouir et se réaliser. Ne soyez pas comme elles. Écoutez cette voix, et faites de chaque lundi le début d’une nouvelle semaine merveilleuse, qui vous permet d’avancer vers ce qui vous tient vraiment à cœur .
Je ne saurai dire mieux et partage tout à fait ce point de vue !
3-Un “petit” café et une “petite cigarette”
Bon là, je l’avoue, je n’ai pas réussi à supprimer ce mot de mes tics verbaux .
Je ne résiste pas à l’envie de vous faire profiter d’un extrait du livre de Philippe Bloch :
Après une petit-déjeuner, nous passons un moment au petit coin, puis faisons un petit bisou à notre petit(e) ami(e) avant de partir travailler. Au bureau nous commençons par prendre un petit café avec nos collègues, dont beaucoup sont aux petits soins pour nous depuis que nous avons obtenu de l’avancement et enfin pu quitter notre petit boulot. Après avoir grillé une petite cigarette, retour aux choses sérieuses. A midi pour calmer notre petit creux, nous nous offrons une petite bouffe dans un petit resto qui propose des petits plats aux petits oignons accompagnés d’un petit vin de pays […….].Nous faisons un petit détour par la poste avant de retourner au bureau. Ne pouvant décemment nous octroyer la petite sieste dont nous rêvons à cet instant de la journée. Nous enchainons les réunions en petit comité avec notre petit chef. En croisant un collègue dans les couloirs, nous l’invitons à nous envoyer un petit mail ou à nous laisser un petit message pour ne pas oublier d’assister à la prochaine réunion qu’il organise. Sur le chemin de la maison, nous nous octroyons une petite pause shopping dans un magasin qui affiche des petits prix, seul moyen pour nous de faire quelques économies pour nous offrir….de grandes vacances (tiens, tiens…)!
22 fois ! Dans cet extrait l’adjectif “petit” est utilisé 22 fois… Vous vous reconnaissez ?
Sous ses airs de qualificatif “affectueux” est-ce que cela ne cache pas une vision un peu étriquée de notre quotidien et un manque d’ambition. Je vous laisse méditer sur le sujet !
4-Vivement la retraite
Cette expression, pas très éloignée de “comme un lundi” dans les signaux qu’elle envoie, donne à penser que la condition pour vivre pleinement et être heureux, c’est de quitter le monde du travail ! Pas très ambitieux quand même comme concept.
Surtout quand nous nous penchons sur les chiffres suivants :
L’espérance de vie en France est de 78.9 ans pour les hommes et 85 ans pour les femmes.
L’espérance de vie en BONNE santé en France est de 63.4 ans pour les hommes et 64.2 ans pour les femmes Source Wikipédia.
En 2016, l’âge moyen de départ à la retraite est de 62,4 ans : 62,1 ans pour les hommes et 62,7 ans pour les femmes Source CNAV.
Bon là je pense que j’ai un peu plombé l’ambiance… En clair, toute personne dans cette logique du “vivement la retraite” peut s’attendre à profiter de la vie 1 an ou 2 ! Quel programme réjouissant…
Voici le point de vue de Timothy Ferriss dans son best seller “la semaine de 4 heures”. Le titre est certes un peu caricatural mais il développe des idées intéressantes, qui nous secouent un peu et qui peuvent nous amener à changer nos pratiques de travail pour une meilleure efficacité et gestion de notre temps. Aussi, il explique que la retraite comme but final ne tient pas la route pour au moins 3 raisons :
- elle repose sur l’hypothèse que vous n’aimez pas ce que vous faites pendant les années ou vous êtes au maximum de vos capacités physiques.
- la plupart des gens ne seront jamais en mesure de prendre leur retraite et d’avoir autre chose qu’un train de vie médiocre.
- si vous êtes un personne qui travaille sans compter, vous vous ennuierez une semaine après avoir pris votre retraite et vous opterez pour un nouvel emploi ou la création d’une autre entreprise.
Il suggère de répartir des “mini-retraites” tout au long de notre vie et il explique comment.
Et d’une manière générale, je vous laisse réfléchir à la citation suivante :
5-C’était mieux avant
Ah la nostalgie du passé et notre capacité à l’embellir. Notre mémoire occulte souvent les aspects négatifs des situations que nous avons vécues et garde les bons souvenirs. C’est une très bonne chose, excepté quand il s’agit de s’en servir pour critiquer le présent et surtout comme prétexte pour ne pas avancer et se remettre en question. Combien de projets dans les entreprises n’avancent pas, voir sont abandonnés du fait de l’inertie des personnes qui restent prostrées sur leurs vieilles façons de faire ? Nous pouvons aussi dire avec un brin de nostalgie dans la voix “de mon temps”, “à mon époque” . Et pourtant, en se projetant quelques instants ne serait-ce qu’à l’époque de nos arrières grands-parents, nous ne pouvons nier les avancées sociales, technologiques, médicales etc.… Franchement, si vous aviez le choix, opteriez-vous pour la vie de vos arrières grands-parents ?
Mais d’autres expressions existent
J’ai fait un zoom sur ces 5 expressions et vous verrez que Philippe Bloch en a répertoriées 12, parmi lesquelles
- Le problème c’est que …
- On a toujours fait comme ça
- Ce sera tout ?
- Dans ce pays
- …
Je vous propose un challenge, vous repérez l’expression que vous utilisez le plus et que vous souhaitez ne plus employer et vous mettez 1 € dans une cagnotte dès qu’elle vous échappe ! Ensuite vous “investissez” les sommes dans des livres de développement personnel qui vous permettront de changer le regard que vous portez à tout ce qui vous entoure, joli cadeau , non ?
Je sais qu’il n’est pas toujours simple de positiver et que la vie met sur notre chemin des petits ou des gros obstacles mais rien n’est incontournable dès lors que nous le décidons. Tout est question d’état d’esprit et d’envie d’avancer. Un de mes anciens patrons m’a inculqué une posture “faire d’une contrainte, une opportunité” et j’avoue que désormais mon cerveau réagit de la sorte dès que cela s’avère nécessaire. C’est devenu un réflexe, dès que quelque chose ne se déroule pas comme je le souhaite, j’y vois rapidement aussi des avantages qui ne se seraient pas présentés autrement.
Faites-moi part des vos nouvelles expressions en m’adressant un message.
Je vous souhaite d’être optimiste, de profiter pleinement des 7 jours de la semaine, de voir grand et d’aller de l’avant .
A lire, si vous voulez aller plus loin.
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